celle de Droit, et se confièrent le commandement de
la petite armée ; le 28 alors un enfant de 16 ans
prit la première pièce de canon, on prit et reprit
5 fois l'hôtel de ville, enfin ce jour là tout Paris
était sous les armes, on s'était emparé aussi la veille
de la poudrière on avait eu une ou deux caisses de balles
du poste de l'Abbaye et avec cela la journée du
28 a été brillante on a pris les casernes restantes
le Louvre, les Tuileries, la caserne Babylone (où
nous étions assez près) l'école militaire et le Panthéon.
Enfin pendant ces 3 jours, le canon n'était pas une
heure sans tirer, le tocsin n'a pas non plus
cessé de se faire entendre, c'était bien lui le plus sinistre,
dans la nuit cela vous déchirait le cœur, la
caisse aurait bien mieux fait l'office mais dans ce moment
on ne pense qu'à se défendre et à appeler aux armes.
Enfin le 29 au soir quand tout fut gagné nous
allâmes avec Elisa dans le quartier St Denis et
St Honoré mais ce spectacle tout vivifié qu'il était
par les cris de joie qui ne cessaient de se faire
entendre était bien déchirant, nous passions comme
on venait de charger 292 morts dans un bateau,
une autre charrette était là et l'on faisait faire place
le pistolet à la main ; c'était encore des morts que l'on
voulait faire passer et qui restèrent jusqu'à ce que l'on
ait déblayé les barricades, les blessés étaient sur les portes,
on les rentraient dans les maisons et partout ils
recevaient des soins les plus affectueux, les plus touchants, enfin
c'était un concours
d'humanité de générosité et de grandeur d'âme dans toutes les classes
de la Société, il
n'est pas jusqu'aux chiffonniers qui dans ce moment mépriserons l'or,
l'argent, les
pierreries, la preuve c'est que tous les meubles de l'archevêché furent
jetés à l'eau
et que l'on conserva l'argenterie et le linge que l'on remit à l'hôtel
de ville. Quand un maladroit
volait, il était fusillé sur le champ...